Pibales & civelles

Pendant des années, gamin, j’ai pêché  les quelques pibales qui habitaient l’écluse du port de La Tremblade avant qu’elles ne finissent par complètement disparaître…

Où ont-elles bien pu passer ?

Depuis la mer des Sargasses où les anguilles se reproduisent, les alevins font un très long voyage (qui peut durer jusqu’à 3 ans tout de même!), au gré des courants maritimes, pour venir grandir dans nos estuaires et rivières.

Elle fera le trajet inverse à l’âge adulte, et recommencera un nouveau cycle reproduction-migration.

Comment ont-elles disparu ?

La première piste est évidemment la surpêche : victimes, comme tant d’autres espèces, de l’avarice des hommes (avant que ne soient mis en place des quotas européens, qui permettent aujourd’hui de contrôler drastiquement les ressources et de limiter en poids et en temps la pêche à la civelle).

La revente en dehors de l’espace européen a permis sans doute de faire une belle avancée puisque que les marchés asiatiques en sont particulièrement friands. Or l’élevage nécessite de prélever les alevins à la source (la reproduction étant impossible en captivité)…

Les prix indécents affichés ont notamment encouragé une certaine forme de braconnage : quand 1kg peut s’échanger à plusieurs centaines d’euros… Rappelons qu’il est strictement interdit de les pêcher en amateur !

Les pêcheurs professionnels possèdent tous une licence particulière et doivent scrupuleusement suivre les réglementations (en période de pêche, des relevés constants sont effectués toutes les heures afin de respecter les seuils).

Autres pistes : la pollution des milieux, car notre bébé anguille est particulièrement sensible aux polluants (métaux lourds et autres déchets qui viennent souiller nos cours d’eau…), la disparition des zones humides, les prédateurs voraces qu’elle trouvera sur sa route…

Bien des soucis dans la vie de notre anguille !

Heureusement, depuis 2010, repeuplement anguille a été mis en place : sauvegarde & reconstitution des stocks, amélioration environnemental sont au cœur de ce laborieux projet…

Au hasard de nos promenades en bord d’estuaire, nous sommes tombés sur un pibalour qui rentrait justement de pêche.

La technique consiste à racler la surface de l’eau en remontant le courant : au final environ 400g de pibales ont été prélevées ici… À quel prix seront-elles revendues ? On ne nous ne le dira pas !